L’actu des marchés du 4 décembre 2020

L’actu des marchés du 4 décembre 2020

La dernière réunion de l’année 2020 de la BCE se tiendra le 10 décembre et elle s’accompagnera d’une mise à jour de son scénario économique. Les différents membres de l’institution sont largement intervenus ces dernières semaines afin de préparer le terrain à une révision baissière des prévisions économiques appelant au renforcement des outils monétaires. Le Vice-président, Luis de Guindos, a confirmé dans une interview publiée le 29 novembre que la BCE allait intégrer dans son scénario de croissance un recul de la taille du PIB de la zone euro au quatrième trimestre en lien avec la seconde vague épidémique et la multiplication des restrictions sanitaires. Si la validation des vaccins offre des perspectives à moyen terme plus positives selon lui, le déploiement d’une solution médicale était déjà intégré dans le scénario du rebond de la croissance en 2021 acté en septembre. L’activité restera par ailleurs fragilisée au cours des prochains mois par le maintien durable de contraintes sanitaires et la hausse des faillites et des licenciements à venir lorsque les restrictions seront levées (le taux de chômage de la zone euro avait atteint un pic en juillet après le déconfinement à 8,7% avant de retomber à 8,4% en octobre). Concernant l’inflation, les perspectives resteront largement et durablement dégradées à horizon 2022 selon Luis de Guindos, principalement pour la composante sous-jacente (et donc durable) de l’inflation, alors que la BCE devra réintégrer un pétrole et un euro plus élevés.
Tous ces éléments militent pour davantage de soutien monétaire et alimentent les espoirs des investisseurs financiers d’un nouvel assouplissement d’ampleur en décembre.

Le marché du travail américain a encore du chemin devant lui. Si la croissance américaine continue de se montrer extrêmement résiliente comme l’illustre toujours l’indicateur Weekly Economic Index de la Fed, l’indice d’activité ISM non manufacturier publié cette semaine a envoyé un signal moins favorable en rechutant en novembre (55,9 vs 56,6 en octobre), même s’il reste largement en territoire d’expansion. Dans ce contexte, les chiffres de créations d’emplois devraient continuer d’évoluer favorablement mais l’enjeu se situe davantage autour de la vitesse d’essoufflement de la tendance (comme ceci est déjà attendu par les attentes du consensus tablant sur +469 k en novembre vs +638 k en octobre). Ce vendredi, les chiffres américains du nombre d’emploi non-agricoles créés sont en hausse mais s’essoufflent avec deux fois moins d’emplois créés que prévu. Cette dynamique est d’autant plus à risque que la situation sanitaire continue de se dégrader rapidement aux Etats-Unis avec un record d’hospitalisations à 100k personnes sur l’ensemble du territoire. Malgré l’arrivée prochaine des vaccins, l’évolution de l’épidémie préfigure bel et bien d’une nouvelle vague de mesures restrictives à venir, en pleine période des fêtes, comme cela commence à se dessiner en Californie. Son gouverneur a présenté un plan visant à gérer localement la mise en place du confinement à domicile pour trois semaines consécutives dès que la tension hospitalière des unités de soins intensifs dépasse 85% des capacités (le maire de Los Angeles a déjà mis en place ce plan pour sa ville). L’activité économique sera donc de plus en plus perturbée, limitant davantage la dynamique d’amélioration du marché du travail, et retardera son retour à la normale qui s’annonce déjà très long. A ce stade, à peine plus de 50% des emplois perdus ont été retrouvés et le taux de participation a connu aussi une large rechute.

Les campagnes de vaccination massives prendront du temps. La société pharmaceutique américaine Pfizer a réduit de moitié ses anticipations du nombre de doses qu’elle pourra produire en partenariat avec BioNTech d’ici la fin du mois, à 50 millions vs 100 millions annoncés depuis mi-novembre. Elle maintient toutefois ses prévisions pour l’année prochaine à 1,3 milliards de doses (deux doses sont nécessaires par personne vaccinée). Cela témoigne des difficultés logistiques rencontrées par les entreprises pharmaceutiques (approvisionnement des matières premières et mise en place des chaînes de production pour une technologie encore jamais utilisée notamment), dont les essais cliniques avaient déjà pris du retard par rapport à leurs premières estimations, tandis qu’elles doivent faire face à une demande extrêmement élevée.
De son côté, Moderna a annoncé une production entre 100 et 125 millions de doses au premier trimestre 2021, dont l’immense majorité ira aux Etats-Unis (entre 85 à 100 millions, et 20 millions disponibles dès la fin de l’année 2020). Mentionnons une nouvelle encourageante concernant l’efficacité du vaccin de Moderna qui confèrerait une immunité d’au moins trois mois selon une étude scientifique. De plus, la réponse immunitaire est plus puissante chez les personnes vaccinées que chez celles qui ont été contaminées par le virus, même pour les personnes âgées.
Toutes ces annonces confirment que le déploiement massif d’un vaccin prendra du temps mais cela semble toutefois déjà largement intégré par les investisseurs financiers qui regardent à un horizon plus lointain. Cet horizon de temps a d’ailleurs été confirmé par le gouvernement français qui a présenté son plan de vaccination pour l’année prochaine en plusieurs étapes.

L’OPEP+ surprend mais assure l’essentiel. Après quatre jours d’intenses négociations, le cartel est finalement parvenu à conclure un accord portant sur une augmentation de la production de 0,5 Mb/j en janvier puis des hausses conditionnelles les mois suivants, de sorte à produire 2 Mb/j de plus à terme mais seulement très graduellement (soit +0,5 Mb/j les mois suivants aussi si l’on écoute par exemple la Russie).

Du coté des valeurs, Salesforce, le numéro un mondial des logiciels de relation client, confirme la plus grande acquisition de son histoire en rachetant Slack, une plateforme de messagerie collaborative, pour 27 milliards de dollars. L’objectif est de rivaliser davantage avec l’outil Teams de Microsoft. La précédente opération record de ce type était celle de Microsoft sur LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars.

TUI est un géant allemand du tourisme. L’an dernier, il réalisait un chiffre d’affaires de 18,9 milliards d’euros pour des bénéfices de 420 millions d’euros. Pour la troisième fois depuis le printemps, il a recours au soutien de l’Etat, des banques et des investisseurs. Le nouveau plan d’aide de 1,8 milliard d’euros s’ajoutera aux 3 milliards déjà injectés cette année. Augmentation de capital, participation convertible et nouvelle ligne de crédit en seront les composants. Cette fois-ci, même le milliardaire russe Mordashov, actionnaire de TUI d’un quart du capital, devrait remettre au pot.

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