L’actu des marchés du 20 mars 2020

L’actu des marchés du 20 mars 2020

Les marchés d’actions sont en chute depuis le 21 février. Pour le S&P500, il s’agit de la plus rapide entrée en « bear market », c’est-à-dire une baisse de 20 % par rapport au pic en à peine 16 jours, contre plus de 100 pour la moyenne des 13 évènements similaires précédents depuis le début du siècle.

Contrairement à 2008, la crise actuelle n’est pas d’origine financière. Elle résulte d’une pandémie qui affecte, dans un premier temps, l’économie réelle. C’est la raison pour laquelle les Autorités monétaires ont d’abord cherché à soutenir les entreprises et le secteur bancaire par des baisses de taux, quand cela était possible, ou des mesures quantitatives. Plus récemment, le confinement de nombreux pays européens nécessite des interventions publiques visant à soutenir la demande. Des plans de relance massifs sont mis en place au niveau mondial, voire ce qu’on appelle « l’hélicoptère monnaie », autrement dit une distribution de revenus directement aux ménages.

Dès lors, il appartient aux Autorités politiques, notamment de la Zone euro et particulièrement de l’Allemagne, de rassurer les marchés sur leur détermination à, de nouveau, réitérer le « whatever it takes » sur le plan monétaire avec le « whatever it costs » budgétaire. La baisse des marchés s’est d’abord concentrée sur les segments les plus cycliques et financiers. A présent, elle concerne également les valeurs de croissance qui pâtissent de la hausse des taux et des mouvements de retrait des investisseurs des marchés d’actions auxquels s’ajoute les allégements de positions des fonds systématiques, notamment de ceux ayant des objectifs de volatilité à respecter, difficilement tenables dans le contexte actuel où la volatilité du S&P500 a retouché le pic historique de 2008 à 80 %.

Le monde continue de se fermer, à l’image de la Californie cette nuit. La France est confinée comme plusieurs autres payes d’Europe. Mais certains pays, développés comme émergents, continuent de tarder à prendre des mesures de restriction et devront accélérer ces prochains jours afin d’assurer qu’une amélioration sanitaire reste possible et envisageable avant le début de l’été. L’impact sur la consommation et l’investissement est par conséquent sans précédent, nous le jugeons toujours très sévère, mais temporaire.

Un rebond est toujours attendu en deuxième partie de l’année du fait de la levée des contraintes sanitaires et des nombreuses mesures budgétaires et monétaires. Ces dernières montent en puissance mais avec des résultats disparates (seule une amélioration sanitaire assurera un retour durable de la confiance) : si le « bazooka » de la BCE semble porter ses fruits pour le moment pour lutter contre la fragmentation en zone euro, la Fed ne parvient toujours pas à desserrer la pression sur les marchés de capitaux. Les conditions financières restent extrêmement dégradées, dont notamment le dollar qui ne cesse de progresser, ce qui fragilise de nombreux pays en particulier ceux émergents. La livre sterling est également une victime collatérale, ce qui a conduit la Banque d’Angleterre à franchir, hier en journée, une nouvelle marche avec la hausse de son programme d’achat d’actifs et une baisse des taux directeurs.

Sur le front des valeurs, nous retenons certains messages :

  • les résultats de Lufthansa : la compagnie aérienne allemande, qui a actuellement plus de 90% de sa flotte clouée au sol, est parvenue à rassurer les investisseurs grâce à ses liquidités disponibles et à ses reports de dépenses d’investissements mais a souligné la nécessité cruciale d’aides des Etats pour le secteur aérien, surtout si la pandémie venait à durer. Les Etats ont déjà annoncé de nombreuses mesures pour soutenir les entreprises, ce qui contribuera à limiter le recul des résultats en 2020 mais sans empêcher que l’environnement reste extrêmement difficile pour le secteur du tourisme & loisirs (+2,3%), qui continue de sous-performer ;
  • Michelin a insisté sur la fragilité de ses objectifs annuels compte tenu de l’épidémie mondiale, qui pousse le groupe français à fermer de nombreuses usines. La résistance du titre à ces annonces confirme que certains acteurs, moins négativement impactés par la migration vers de nouvelles motorisations, pourront tirer leur épingle du jeu au sein du secteur. Ceci n’empêche pas le secteur automobile (0,0%) de rester en queue de peloton.

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