L’actu des marchés du 8 mai 2020

L’actu des marchés du 8 mai 2020

Cette semaine, les bourses sont restées très résistantes en dépit de données économiques dramatiquement mauvaises, car les mesures de relance massives (fiscales et monétaires) l’emportent sur l’impact économique et l’incertitude pour l’instant. Quelques données économiques encourageantes ont commencé à apparaître, bien qu’elles soient issues de niveaux exceptionnellement bas. En outre, les entreprises ont parlé d’une stabilisation/amélioration en avril dans leur commentaire trimestriel, mais continuent de souligner l’incertitude des perspectives. Les données sur la trajectoire potentielle de la reprise économique seront primordiales pour les investisseurs, qui évaluent la voie à suivre pour les actions.

La saison des bénéfices du T1 2020 approche de la ligne d’arrivée, avec 80% des entreprises du S&P 500 qui ont publié leurs résultats jusqu’à présent. Cette saison a confirmé la bifurcation des actions – avec une grande disparité de performance et de fondamentaux entre les « nantis » et les « démunis » dans l’environnement actuel. Par exemple, les secteurs technologiques et non cycliques devraient enregistrer une croissance des bénéfices de +3,2% en moyenne au T1. Ce sont les bénéfices du T2 qui devraient avoir le plus grand impact COVID-19, mais ces titres s’attendent seulement à une contraction des bénéfices de -12% en moyenne dans un environnement économique épouvantable – pas trop mal. En revanche, les secteurs cycliques devraient connaître une contraction des bénéfices de -34,7% en moyenne au T1 et de -81,6% au T2. Cet impact fondamental se reflète dans les performances de secteurs comme la Tech et les Health Care, qui atteignent de nouveaux sommets relatifs, tandis que des secteurs comme les Financials et les Industrials atteignent de nouveaux planchers relatifs. Cette dynamique soutient également l’indice global, puisque les secteurs de la Tech, des Communication Services et des Health Care représentent à eux seuls plus de la moitié du S&P 500. Ce sont en fait nos trois secteurs préférés, ce qui laisse de nombreuses possibilités d’accumuler des noms individuels présentant une dynamique fondamentale et technique relativement forte.

Les Etats-Unis et la Chine officialisent qu’ils se consultent sur les questions commerciales. Ces derniers jours, D. Trump s’était montré belliqueux envers la Chine, cherchant un bouc émissaire pour faire porter la responsabilité d’une gestion approximative des effets du Covid-19 à son partenaire commercial. Le thème va rester présent pour des questions politiques, mais, au quotidien, la situation est moins tendue. En effet, les responsables des deux pays, qui avaient négocié l’accord commercial de « phase 1 », ont repris leur dialogue cette nuit. A l’issue de ces échanges, les Etats-Unis ont salué la volonté des deux parties de respecter les termes de l’accord. Les dirigeants chinois mettent quant à eux l’accent sur le fait que les deux protagonistes se sont engagés à créer les conditions favorables pour la mise en œuvre des promesses réciproques (nous comprenons : engagement américain à ne pas alimenter les tensions, ce qui n’est pas durable avec D. Trump). Les données du commerce extérieur publiées hier par la Chine semblent pointer vers une volonté marqué des autorités chinoises de réduire l’ampleur du déficit commercial avec les Etats-Unis, avec un excédent commercial réduit à 58 MM$ pour les quatre premiers mois de l’année, soit 28 MM$ de moins que sur la même période de 2019. La tendance devra cependant être confirmée car les périodes de confinement en Chine, puis aux Etats-Unis, a profondément modifié la capacité à consommer et exporter pour les deux pays depuis février.

Soulignons aussi que, hier, D. Trump a continué d’évoquer des mesures d’aide à l’économie, contredisant la volonté de patienter exprimée par plusieurs élus républicains influents. Ces tergiversations avaient aussi contribué à la correction des marchés d’actions ces derniers jours. Nous tablons pour notre part sur des mesures de relance additionnelles, aussi bien aux Etats-Unis que dans l’ensemble des grands pays développés, afin d’accélérer le rebond de croissance et remettre l’économie sur une trajectoire soutenable de manière indépendante, permettant aux Etats de réduire par la suite l’ampleur des mesures mises en place pour passer le creux d’activité très marqué qui se poursuit dans les pays développés.

Plusieurs membres de la BCE se sont exprimés hier pour confirmer son engagement à ne pas se laisser influencer par ce jugement, en tête desquels sa présidente, C. Lagarde, qui a vigoureusement affirmé que la BCE continuerait à mettre en place les mesures qu’elle a promis afin de contenir le risque de fragmentation financière au sein de la zone euro. Ces déclarations ont largement contribué à la détente des taux souverains en zone euro hier, qui se poursuit ce matin, y compris avec un resserrement du spread entre les taux allemands et italiens que ce soit pour les taux à 2 ans (-7 pb) que pour les taux à 10 ans (-5 pb et 2,41%). La balle est maintenant dans la cour des autorités politiques allemandes et de la Bundesbank, qui devront répondre au jugement, ce qu’elles parviendront très probablement à faire. Il faudra que ceci soit suffisamment déterminé pour ne pas entretenir les craintes que la marge de manœuvre de la BCE s’est réduite.

Le déconfinement va s’opérer en France. Le Premier ministre français a confirmé hier que l’hexagone démarrerait ce processus à partir de lundi. Bien qu’il ait mise en garde contre des comportements de la population qui le conduiraient à inverser la tendance en cas de dérapage, il a aussi évoqué la possibilité d’une accélération du déconfinement avant l’été, y compris pour les cafés et restaurants, pour les zones qui resteraient « vertes » (suivant trois critères : nombre de cas, marge de manœuvre dans les hôpitaux, capacité à tester).

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