L’actu des marchés du 10 juillet 2020

L’actu des marchés du 10 juillet 2020

La BCE se réunira jeudi 16 juillet pour sa réunion de politique monétaire, laquelle devrait confirmer son soutien durable. Après avoir donné une visibilité prolongée en termes de forward guidance (indicateurs quant au futur de la politique monétaire) et relevé l’enveloppe du programme d’achats d’actifs de 600 MM€ en juin (pour un total de 1350 MM€), nous considérons que la BCE ne devrait pas modifier ses outils ce mois-ci. Ceci s’explique à la fois par une volonté :

–     de rester extrêmement prudente compte tenu de l’incertitude autour de la situation sanitaire, de plus les annonces de réduction d’effectifs des entreprises des secteurs les plus touchés laissent craindre une nouvelle phase compliquée pour la confiance et la croissance ;

–     mais aussi par une absence de nécessité d’en faire plus à ce stade (ceci fait écho aux propos de « pause » tenus par le chef économiste Philip Lane le 1er juillet). Ce constat vaut également pour l’option parfois évoquée dans les articles de presse financiers d’achats par la BCE de titres de dette corporate dits « non investissables »

En effet, la situation économique tend à se révéler plus favorable que ce que ne pouvaient craindre les membres, avec notamment le constat que lorsque les économies européennes se déconfinent, les impacts positifs sont très rapides et amples. La remontée des indicateurs PMI en est une illustration (indice composite de la zone euro, à 48,5 en juin, se rapproche du niveau d’expansion de 50) tandis que la remontée des ventes au détail en mai a été forte (-5,2% en mai vs -19,7% en avril). En France, ce constat est également partagé par la Banque de France et l’Insee, qui se sont montrés un cran plus positif dans leurs estimations et leurs discours dans leurs derniers points de conjoncture (publiés respectivement les 6 et 8 juillet). Rappelons que le risque de faillites et de pertes d’emploi reste au cœur des préoccupations de ces institutions, d’autant qu’une loi passée en France pendant la crise empêche toujours de considérer les entreprises comme véritablement en cessation de paiement si elles ne l’étaient pas au 12 mars dernier (fin de ce dispositif le 23 août).

Les incertitudes ne cessent de croître sur les perspectives économiques américaines. Ces dernières demeurent très dépendantes de la manière dont les autorités gèreront la résurgence de l’épidémie au cours des prochaines semaines. Le pays est confronté à une explosion du nombre de cas sans que cela ne se retrouve dans les chiffres des décès (notons toutefois un début de hausse au Texas et en Floride). Ce constat entretient la confiance de Donald Trump qui refuse l’idée d’un re-confinement même partiel. Le risque que la situation s’aggrave encore au cours des prochaines semaines est toutefois important. Une phase difficile s’annonce et il est probable que les gouverneurs des Etats les plus touchés soient obligés de prendre des mesures de plus en plus contraignantes, ce qui impactera la situation économique. Ceci a d’ailleurs été illustré en fin de semaine avec les annonces jeudi du docteur Anthony Fauci (conseiller sanitaire de la Maison-Blanche) qui considère que des re-confinements généralisés dans les Etats les plus touchés sont à prévoir, ou encore du maire de Los Angeles qui a annoncé qu’il pourrait réimposer une quarantaine d’ici deux semaines si la hausse récente des infections ne faiblit pas.

Les ménages sont de moins en moins confiants pour se rendre dans les commerces ou les restaurants à cause de la hausse des cas. Un changement de comportement aurait des conséquences négatives pour le secteur des services notamment. Par ailleurs, les dirigeants d’entreprises s’inquiètent également. Plusieurs membres de la Fed ont constaté cette évolution dans le ton. Le manque de visibilité sur l’évolution de la maladie oblige les entreprises à ajuster leur stratégie, ce qui pourrait passer par une réduction des effectifs. Alors que le taux de chômage a amorcé sa décrue avec la reprise économique, elle risque de s’interrompre, ce qui pourrait réduire le pouvoir d’achat des ménages.

La publication jeudi 16 juillet du PIB chinois au deuxième trimestre permettra d’évaluer la vitesse de la reprise économique pour le premier pays qui a réussi à maîtriser l’épidémie (avec une réaction rapide lorsqu’un foyer apparaît comme à Pékin) et à lever graduellement la totalité des mesures de confinement. Après avoir enregistré une récession historique au premier trimestre (-6,8% en glissement annuel), l’activité chinoise est repartie dès lors que les restrictions ont été supprimées (le 17 mars de manière générale sur l’ensemble du pays hors Hubei). Bien que la structure de l’économie chinoise reste différente de celle des pays occidentaux, ses données sont riches d’enseignements et témoignent d’un rebond qui sera porté par la demande domestique et la consommation au second trimestre. Si la population a mis du temps à sortir de nouveau, l’amélioration et le retour de la confiance se confirment, comme en atteste la reprise du trafic routier le week-end et le très net rebond de l’indice PMI Caixin des services en juin. La montée en puissance de la consommation reste toutefois fragilisée par des perspectives d’emploi toujours dégradées en raison de la prudence des entreprises qui continuent de réduire leurs coûts pour restaurer leurs marges.

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