L’actu des marchés du 18 septembre 2020

L’actu des marchés du 18 septembre 2020

Semaine tendue sur les marchés financiers.

Les nouvelles contaminations continuent d’accélérer en Europe, mettant sous pression les gouvernements qui doivent endiguer ce flux constant de nouveaux cas sans sacrifier le rebond de l’activité. Celui-ci a encore connu de belles embellies au cours de l’été, conduisant beaucoup d’institutions à réviser à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2020 et 2021, à l’instar de la BCE.

Cependant, les mesures de restrictions sanitaires se multiplient partout et ralentiront le rythme de la reprise. Le secteur des services, qui avait fortement rebondi à l’issue du confinement, est le principal secteur touché par ces mesures (encadrement des ouvertures des commerces, bars et restaurants, port du masque obligatoire, limitation du nombre de personnes…). Ceci s’observe d’ores et déjà dans la perte de vitesse du rattrapage constatée en août (PMI services, ventes au détail) et la stabilisation de la confiance des consommateurs. Pour l’heure, l’industrie a été davantage épargnée, soutenue par le redressement des carnets de commandes des entreprises (particulièrement dans l’automobile) et l’amélioration de l’économie mondiale et notamment chinoise. Néanmoins, le niveau d’activité restera durablement inférieur à celui d’avant-crise tandis que les incertitudes sanitaires pèseront encore sur les décisions d’investissement.

L’amélioration de l’activité sera donc limitée au quatrième trimestre, nécessitant un soutien durable de la BCE en attendant que les plans de relance nationaux et celui européen prennent le relais. L’un des principaux enjeux réside dans la constitution de nouvelles ressources propres qui doivent garantir le remboursement à partir de 2028 des 750 Milliards d’€. Le Parlement européen, qui s’est déjà prononcé en sa faveur le 16 septembre, souhaite que les Etats membres s’engagent juridiquement et dans le détail sur ces ressources propres (taxes plastique, carbone aux frontières, numérique, transactions financières, harmonisation de l’impôt sur les sociétés…), alors que certains pays où la fiscalité est déjà élevée pourraient se montrer réfractaires.

Malgré les émissions massives de dette à venir pour financer les plans de relance et l’augmentation des déficits publics, les Etats européens continueront de bénéficier des taux souverains très faibles compte tenu de la présence durable de la BCE. En renforçant ses achats d’actifs et dans un contexte de moindres bonnes nouvelles économiques, l’euro devrait cesser de progresser.

Si la FED n’a pas modifié ses taux directeurs et le montant des achats d’actifs lors de sa réunion du 16 septembre, elle a ajusté sa forward guidance (i.e. communication) afin d’acter plus clairement les changements opérés lors de la revue du cadre de politique monétaire en août. Sans surprise donc, elle indique que les taux directeurs resteront très bas très longtemps, le temps que l’inflation revienne dans la durée vers 2% (pas avant 2023 selon eux) et dépasse modérément pour compenser la faiblesse passée. En s’assurant que l’inflation moyenne soit à 2% sur une « période de temps longue », la Fed vise à ancrer de manière crédible et durable les anticipations d’inflation autour de 2%. Pour y parvenir, l’institution a été claire : elle ne relèvera pas ses taux directeurs avant au moins 2023 afin de renforcer la vitalité du cycle économique qui se profile et permettra ainsi au marché du travail de montrer à nouveau des signes de surchauffe.

Si ces éléments étaient largement attendus par les investisseurs, la révision haussière des perspectives de croissance a renforcé le dollar dernièrement. Le scénario de reprise se matérialise plus rapidement que prévu mais la suite reste conditionnée à un accord budgétaire à Washington. Une déception sur ce sujet pourrait conduire à un renforcement du soutien monétaire bien que nous tablions toujours sur un accord entre élus d’ici aux élections. La proposition de 1500 MM$ du groupe de parlementaires des deux camps constitue un premier pas dans la bonne direction alors que les derniers indicateurs de consommation (tassement du rebond des ventes au détail en août) et du marché de l’emploi (demandes initiales d’allocation chômage quasi stable et indicateur hebdomadaire de PIB qui stagne ces deux dernières semaines) confirment la nécessité d’agir.

Sur le front des valeurs, l’américain Oracle a finalement été retenu par le chinois ByteDance pour gérer les activités américaines de l’application TikTok. L’alliance Microsoft-Walmart est donc mise hors-jeu. Ce rapprochement visera à laisser Oracle gérer les données personnelles des utilisateurs américains de TikTok. ByteDance n’est pas prêt à donner plus (son code source). Le deal est maintenant sur le bureau de Trump pour feu vert ou rouge. L’introduction en bourse des activités américaines TikTok est envisagée.

BP, le géant pétrolier britannique, ne prévoit pas une hausse de la consommation mondiale de pétrole dans les prochaines années, ceci même en l’absence de nouvelles mesures pour l’environnement (et donc contre cette industrie). Selon BP, la demande sera alimentée par les pays asiatiques et l’Afrique. Elle sera toutefois plus que compensée négativement par les économies développées. BP explique ce déclin du pétrole notamment par l’efficacité énergétique croissante et l’électrification du transport routier.

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