L’actu des marchés du 03 avril 2020

L’actu des marchés du 03 avril 2020

Semaine agitée sur les marchés financiers, fortement bousculés par la crise sanitaire et économique mondiale.

La propagation de l’épidémie ne faiblit pas aux Etats-Unis alors que le pays n’est qu’au début des mesures de confinement. Leurs impacts sur l’économie commencent déjà à se faire ressentir et se reflètent sur les nouvelles demandes d’allocation chômage qui ont explosé pour atteindre 6,65 millions. En 15 jours, elles ont connu la même progression que durant la crise de 2008-09. Rappelons toutefois que ce chiffre comprend les salariés en chômage partiel et ceux en congés maladie ou en garde d’enfant, extrêmement nombreux dans le contexte actuel, alors qu’en 2009 il s’agissait exclusivement d’Américains ayant perdu leur emploi et donc sans revenus.

Ces données ne sont donc pas totalement extrapolables pour anticiper la hausse du taux de chômage. Publié ce vendredi, le chômage s’élève à un taux de 4.4% avec plus de 700 000 destructions d’emplois non agricoles. Ce dernier ne reflète d’ailleurs pas véritablement la réalité puisque la majorité des données auront été collectées avant les vraies mesures de confinement. Le taux de chômage devrait donc être en forte hausse la semaine prochaine. L’indice ISM non manufacturier sera nettement plus pertinent pour estimer l’ampleur du choc alors que les services sont plus impactés que l’industrie par les règles sanitaires.

En attendant que la situation sur le front de l’épidémie s’améliore, les aides votées par le Congrès joueront un rôle clé pour limiter l’impact sur le revenu des ménages américains et pour préserver la capacité de rebond de l’activité pour la suite.

Au regard de la dégradation du contexte économique, la facture sera très lourde pour le gouvernement. Heureusement, la Fed fait tout le nécessaire pour s’assurer que les conditions de financement demeurent très accommodantes. Au cours des 15 derniers jours, son bilan a augmenté de plus de 1000 MM$, passant de 4716 MM$ à 5860 MM$. Son action s’est essentiellement portée sur les achats d’obligations du Trésor mais elle a également assuré l’accès à la liquidité pour les institutions financières et l’accès au dollar pour les étrangers. Les lignes de swaps avec les autres banques centrales atteignent quasiment 350 MM$, signe de la très forte demande pour le billet vert en cette période de turbulence.

La Chine continue de donner des informations cruciales quant aux impacts économiques des différents stades de la lutte contre l’épidémie. Ce matin, ce sont les indices PMI en mars des services publiés par Caixin qui, contrairement à ceux officiels publiés lundi qui étaient revenus en territoire d’expansion, restent largement en territoire de contraction à 43,0 vs 26,5 en février (entrainant également l’indice composite sous le niveau de 50, à 46,7 et ce malgré le rebond de l’indice manufacturier). Ceci témoigne bien de la plus grande difficulté pour les secteurs exposés à la consommation de repartir directement sur le même niveau qu’avant, une fois les mesures de confinement levées. De plus, l’activité dans les loisirs ou la restauration souffre du maintien des règles de distanciation sociale. La reprise est donc progressive, et ce, malgré le soutien des autorités (elles ont encore rappelé ce matin qu’elles disposaient de marges de manœuvre monétaires mais l’inquiétude à sortir persiste et l’épargne de précaution est renforcée). Cet élément sera intégré dans la révision de notre scénario de croissance qui sera publiée lundi, et sera largement orienté à la baisse, notamment compte tenu du retard pris par certains pays pour endiguer la pandémie.

Les cours du pétrole remontent fortement jeudi 3 et vendredi 4 avril, ayant même atteint hier 36 dollars pour le Brent (référence européenne) quand il cotait 22 en début de semaine. Le compte Twitter de Trump y est pour quelque chose. Le Président américain écrit qu’il s’est entretenu avec son « ami » le prince héritier MBS d’Arabie Saoudite et le Président Poutine. Il s’attend à ce qu’ils réduisent tous deux leur production de pétrole rapidement. Dans l’instant d’après, l’Arabie Saoudite appelait à une réunion « urgente » de l’Opep et d’autres pays comme la Russie.

L’heure n’est évidemment pas à la fête pour les introductions en Bourse (IPO). En Europe et aux Etats-Unis, beaucoup d’opérations ont été reportées. C’est ainsi que, pour la première fois en 4 ans, les IPO d’origine chinoise sont passées devant celles des Etats-Unis en nombre d’opérations et en montants levés. Selon EY, à Shanghai et à Shenzhen au premier trimestre, 52 entreprises ont levé 11,8 milliards de dollars. Le marché des IPO en Chine a été plus actif que sur la même période en 2019 malgré l’épidémie apparue mi-décembre.

La liste ne cesse de s’allonger. En près de 24 heures, Engie, Veolia, Michelin, M6, Coface, Bouygues, Icade ou bien encore Dassault Aviation ont annoncé une diminution voire une disparition pure et simple du dividende promis au titre de 2019, emboîtant ainsi le pas de groupes comme Airbus, Safran, Hermès, JCDecaux ou bien encore la Société Générale, Natixis et Amundi, pour ne parler que des membres du SBF 120.

Tous ces groupes s’adaptent à la nouvelle donne financière créée par l’impact économique et financier de la pandémie de Covid-19 et cherchent à mettre le maximum de liquidités de côté ne sachant pas combien de temps la crise durera.

 Selon le décompte de L’Agefi, vingt-six groupes du SBF 120 ont communiqué ces derniers jours une modification de leurs politiques de rémunération de leurs actionnaires, des politiques qui avaient pourtant été arrêtées quelques semaines auparavant lors de la publication des résultats 2019. Ainsi, au total, plus de 12 milliards d’euros de dividendes qui ont été annulés en seulement quelques heures.

L’une des décisions les plus spectaculaires est celle d’Engie, l’un des plus gros payeurs de dividendes du CAC 40 avec Total. En suspendant son dividende au titre de 2019, le producteur d’énergies va économiser 1,9 milliard d’euros. Une source proche du dossier explique que « le conseil d’administration a pris cette décision après avoir écouté toutes les parties prenantes du groupe, notamment l’Etat, son premier actionnaire ». L’Etat détient un peu moins du quart du capital d’Engie.

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