L’actu des marchés du 04 mars 2022

L’actu des marchés du 04 mars 2022

Entre l’attaque de la centrale nucléaire de Zaporijia et les appels à assassiner Vladimir Poutine, cette journée de vendredi aura été l’apogée d’une semaine déjà bien chargée. Les nouvelles rassurantes sont inexistantes, si ce n’est que pour l’instant les pays de l’Otan semblent déterminés à ne pas faire l’usage de la force et à se cantonner à une guerre économique. On en viendrait presque à espérer une prise rapide de la capitale pour pouvoir passer à autre chose. Trouver un point bas dans ces marchés n’est pas une sinécure et même si l’analyse technique peut être une aide en temps normal, elle a ses limites dans les situations exceptionnelles. Il est à noter que le support majeur de 6125 a fini par rompre après avoir été testé 4 fois ce jour et que les prochains niveaux sont les abimes. En y regardant de plus près, depuis les plus hauts de janvier, le CAC 40 affiche une baisse de 18%, comme l’Eurostoxx et bien loin des -11% du SP500.

En Russie l’économie est dans un état de délabrement sans précédent, le désarroi des experts des marchés est palpable, à l’image de ce trader Russe, Alex Butmatov, qui a trinqué à la mort de la Bourse de son pays, en direct d’une chaîne d’information. Les spécialistes tablent sur une contraction du PIB 2022 de 7% et une inflation de 17% en glissement annuel contre 5% attendus, alors que le rouble a chuté de 35% et que la Banque centrale cherche par tous les moyens à stopper l’hémorragie. L’institution qui a doublé son taux directeur à 20%, a imposé une commission de 30% sur les achats de devises étrangères.

Il semblerait que le coût de cette guerre économique soit limité pour les pays européens et que pour l’heure la seule vraie préoccupation soit de parvenir à se passer de l’énergie de l’envahisseur. A ce titre l’Agence Internationale de l’Energie a proposé 10 mesures pour se passer de leur gaz et accélérer la transition énergétique. La tâche s’avère compliquée car l’Europe importe de la Russie près de la moitié de sa consommation.

En raison de l’actualité, Jerome Powell s’est dit « enclin à soutenir une hausse des taux de 25 points de base », lors de la prochaine réunion de la Fed, plutôt qu’un tour de vis de 50 points, même si un geste plus fort n’est pas totalement exclu. Le patron de la Fed a néanmoins insisté sur le fait que la Banque centrale « agira avec prudence » et qu’elle veut éviter d’ajouter de l’incertitude dans un moment difficile.

Dans un tel contexte, les statistiques sont passées inaperçues. Aux Etats-Unis, l’ISM manufacturier a dépassé les attentes, le secteur privé a créé bien plus d’emplois que prévu en février, les inscriptions au chômage enregistrées la semaine dernière ont été moindres que prévu et les chiffres de la productivité pour le quatrième trimestre ont été confirmés.

Dans la zone euro, la forte croissance du secteur manufacturier s’est poursuivie en février. L’indice PMI manufacturier d’IHS Markit est finalement ressorti à 58,2, contre 58,7 en janvier.

En France, l’indice composite des directeurs d’achats (PMI) compilé par Markit pour le mois de février, est ressorti à 55,5 en version définitive, contre une première estimation de 57,9. Il était de 53,1 en janvier.

Le taux de chômage s’est établi à 6,8% pour le mois de janvier, en baisse par rapport aux 7% de décembre. Il était attendu à 6,9% par les analystes.         

Avec une baisse de près de 10% de notre indice sur la semaine, le bilan est donc catastrophique et il n’y a guère que Thalès dans le vert +17,04%. En plus de la publication d’un résultat opérationnel en hausse de 32% en 2021, la société profite encore de la hausse des budgets alloués à l’armement partout en Europe. Dans l’indice élargi, elle est suivie de Vallourec, +10,58%, qui continue son recentrage sur son cœur de métier, à savoir l’industrie pétrolière. La société a cédé son usine VBT de Montbard, en grande difficulté financière, à un fond d’investissement allemand spécialisé dans le sauvetage de PME.

Jeu de massacre dans les baisses, Société Générale qui n’exclue pas de perdre ses actifs bancaires en Russie abandonne le quart de sa valeur. Elle détient là-bas la banque Rosbank qui emploie 13 000 personnes et affiche cinq millions de clients. La banque envisage un scénario noir dans lequel ses actifs seraient confisqués en réponse aux mesures prises contre la Russie. Tout ceci est toutefois à relativiser quand on sait que ses activités Russes ne représentent que 2,8% de son PNB en 2021 et 2,7% du résultat net de la banque.

Même performance pour Engie en raison de son exposition de près d’un milliard d’euros au projet Nord Stream. La société a contribué depuis avril 2017 au financement de ce projet de gazoduc de 1 230 km reliant la Russie à l’Allemagne. L’exploitation du gazoduc, achevé l’année dernière, n’a toujours pas débuté, et l’Allemagne a suspendu sa certification dans le cadre des sanctions contre Moscou, après l’invasion de l’Ukraine. Nord Stream 2 est également sous le coup de sanctions américaines. Mardi, Reuters révélait que la société qui exploite le gazoduc, basée dans la ville suisse de Zoug, était sur le point de se retrouver en cessation de paiement et qu’elle avait commencé à mettre un terme aux contrats de ses employés. Depuis l’information a été partiellement démentie.

Dans le top 3 on retrouve Renault qui perd elle aussi près de 25%. Le constructeur français pâtit de son exposition à la guerre en Ukraine avec sa filiale AvtoVAZ, leader du marché sous la marque Lada. La Russie représente le deuxième marché en volumes du Losange, avec environ 500 000 véhicules vendus en 2021 pour un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros (6 % du total).

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