L’actu des marchés du 17 juin 2022

L’actu des marchés du 17 juin 2022

Et si nous étions repartis pour un krach ? Peut-être pourrons-nous nous rassurer avec le fait que notre marché a déjà décroché de 11% en deux semaines et de 20% depuis ses plus hauts de 2022. La note est donc déjà bien salée et viser encore des plus bas devra être alimenté par davantage de mauvaises nouvelles. Pour le moment, c’est l’inflation qui renvoie aux vestiaires la reprise post-Covid. Nous pouvons toutefois nous demander si l’inflation actuelle mérite toute l’importance qu’on lui accorde, à savoir devoir lutter contre à tout prix. Parce qu’en considérant qu’elle a pour conséquence un ralentissement de l’économie, ne devrait-elle pas se résorber d’elle-même ? Pour la partie de cette inflation qui est due à la flambée des matières premières et notamment du pétrole, le changement des habitudes de consommation ne la concerne pas, mais pour le reste, consommer moins est à la portée de tous. C’est le dilemme qui oppose les banquiers centraux du vieux continent et du nouveau monde. Car là où la BCE peut avoir plutôt tendance à temporiser, la Fed réagit dans l’instant.

Face à la flambée des taux européens, le Conseil des gouverneurs qui rassemble le directoire de la BCE et les patrons de banques centrales nationales de la zone euro, s’est réuni pour une rencontre « non prévue » par le calendrier. La raison, la flambée des coûts d’emprunts des Etats à des niveaux inédits depuis plusieurs années et notamment pour les plus endettés d’entre eux. Mardi, le rendement de la dette italienne à 10 ans s’est ainsi envolé au-delà de 4 % pour la première fois depuis 2014. Plus inquiétant, son écart avec le taux à 10 ans allemand s’est creusé pour atteindre 240 points de base, ravivant le spectre d’une nouvelle crise de la zone euro. Pour la Banque centrale, il était essentiel d’apporter une réponse rapide, à des investisseurs qui doutent de sa capacité à mener une hausse de ses taux directeurs et la fin de ses achats, tout en luttant contre un écartement trop important des taux entre pays du Nord et pays du Sud. Le risque est qu’une telle fragmentation des conditions de financement en zone euro rende insupportable le coût de la dette pour certains Etats, et dans le pire des cas, les prive d’accès aux marchés financiers.

De son côté, la Fed, comme à son habitude, a été plus radicale lors de son comité monétaire et a relevé ses taux directeurs de 0,75 point de pourcentage pour les fixer dans une fourchette comprise entre 1,50 et 1,75%. C’est le plus fort tour de vis monétaire depuis 1994. Les derniers chiffres de l’inflation, +8,6% en mai, ont eu raison de la patience de Jerom Powell qui ne compte pas s’arrêter là. Ce dernier envisage une nouvelle hausse de 25 à 50 points de base dès la prochaine réunion les 26 et 27 juillet. Le président de l’institution a affirmé que malgré un environnement monétaire plus tendu, il n’observait pas de ralentissement général de l’économie américaine et a assuré que la Fed « n’essayait pas de pousser l’économie en récession ». « Nous essayons de ramener l’inflation à 2%, (et conserver) un marché du travail solide », a-t-il expliqué. « C’est ce que nous essayons de faire », a-t-il insisté. La Fed prévoit désormais un PIB de 1,7% en 2022 contre 2,8% attendu en mars. Même projection pour 2023 et 1,9%  en 2024 ces deux taux ayant été également revus à la baisse.

Par ailleurs, de nombreux indicateurs macro-économiques ont montré des fragilités dans la conjoncture avec notamment une baisse surprise des ventes de détail en mai. Celles-ci se sont ainsi repliées de 0,3% sur un mois, contre un consensus FactSet de +0,2% et après une hausse de 0,7% en avril. Même constat pour le marché immobilier US qui semble ralentir, l’indice du marché immobilier de la National Association of Home Builders (NAHB) tombant à 67 en juin contre 69 en mai et 68 de consensus. Autre déception, l’indice manufacturier Empire State de la Fed de New York est ressorti négatif de 1,2 point en juin, signalant une contraction de l’activité, alors que le consensus FactSet se situait à +5. Les stocks des entreprises ont augmenté en avril de 1,2% sur un mois, contre 1,3% de consensus de marché et 2,4% en mars. Enfin, la production industrielle en mai est ressortie inférieure aux attentes en hausse de 0,2% contre 0,4% attendus.

En Europe dans les statistiques majeures, les données finales d’Eurostat confirment la nouvelle accélération de l’inflation dans la zone euro en mai. Son taux s’est ainsi établi à 8,1% le mois passé, contre 7,4% en avril. Un an auparavant, il était de 2,0%.

Notons le relèvement d’un quart de point du taux directeur de la Banque d’Angleterre qui s’affiche à 1,25%, sa cinquième augmentation depuis décembre. La BNS (Suisse) remonte aussi ses taux de 50 points de base à -0,25%.

Pour les valeurs, le bilan hebdomadaire est catastrophique, seulement deux hausses, Orange +1,26% et Thales +0,49. Le feu est nourri pour les baisses, Saint-Gobain dérouille de 13,06%, Eurofins -11,72% et TotalEnergies tutoie les -10%. Dans l’indice élargi Atos s’illustre, -39,04%. La société a annoncé un plan de scission et le départ de son DG. Depuis que des auditeurs ont émis des réserves sur les comptes des deux entités américaines du groupe, les investisseurs ont du mal à revenir sur le titre. Il est à noter que le gouvernement français reste attentif au dossier car Atos fabrique notamment des superordinateurs et des logiciels considérés comme stratégiques par le gouvernement français, car utilisés par l’armée et le ministère des Finances. L’ancien Premier ministre Edouard Philippe siège au conseil d’administration.

Dans les dossiers surveillés par l’Elysée, Air France, -21,04% sur la semaine, vient de boucler avec succès son augmentation de capital. La CMA CGM est désormais actionnaire à hauteur de 9%. L’opération a pour ambition de réduire sa dette en remboursant entre autres des aides d’Etat.

Outre Atlantique, bain de sang sur le Nasdaq, Tesla et Meta -8% pour le moment, Coinbase -13%. La plateforme spécialisée dans la « crypto » souffre du Krach de la monnaie ; elle affiche même 80% de baisse depuis le 1er janvier à rapprocher aux 55% de baisse du Bitcoin. Le marché de l’argent virtuel a fondu de deux tiers en moins de 6 mois…

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