L’actu des marchés du 11 mars 2022

L’actu des marchés du 11 mars 2022

Une semaine de volatilité extrême qui aura suivi seconde par seconde les avancées dans le conflit qui oppose désormais la Russie au reste du monde. Cinq jours durant lesquels les marchés ont jaugé l’impact économique qu’aura cette guerre sur la croissance mondiale. Partagé entre les discussions toujours au point mort entre Zelensky et Poutine, les inquiétudes entourant le retrait des grandes entreprises du pays envahisseur et les craintes d’un embargo sur les matières premières, le CAC 40 a évolué de 281 points par jour en moyenne, soit 4,5% quotidiens.

Concernant les négociations, le président ukrainien s’était dit prêt à faire des concessions. Prêt à laisser les régions de Donetsk et Lougansk à son homologue russe et à renoncer à son intégration dans l’OTAN. Mais les dernières négociations menées en Turquie n’auront finalement rien donné. De son côté Poutine a assuré ne pas vouloir mettre en place d’embargo sur les matières premières que son pays exporte. Cette annonce fait suite à la confirmation par les Etats-Unis et le Royaume-Uni d’un embargo sur leurs importations de pétrole et de gaz russe. L’Union européenne, bien plus dépendante de la Russie que les Etats-Unis pour son approvisionnement en énergie, a temporisé, tout en présentant un plan visant à réduire cette dépendance baptisé « REPowerEU ». Bruxelles s’est notamment fixé comme objectif ambitieux de réduire de deux tiers les importations de gaz russe dans l’UE avant la fin de cette année. L’objectif serait atteint en augmentant l’approvisionnement en gaz et en gaz naturel liquéfié (GNL) auprès d’autres pays, comme les Etats-Unis et le Qatar, en accentuant la part des gaz renouvelables et en accélérant le déploiement de capacités électriques solaires et éoliennes. En 2021, plus de 40% du gaz importé dans l’UE provenait de Russie, selon l’Agence internationale de l’énergie. La Russie représente également quelques 25% des importations de pétrole et 45% des importations de charbon. Les Etats-Unis sont beaucoup moins exposés, le pétrole russe ne représentant que 8% des achats extérieurs d’hydrocarbures.

Pendant ce temps les matières premières flambent, énergie en tête, et pour y faire face la Commission Européenne envisagera toutes les mesures d’urgence possibles pour limiter l’effet de contagion des prix du gaz sur les prix de l’électricité, telles que des limites de prix temporaire.

Cette inflation n’est pas anodine puisqu’elle affectera la croissance mondiale. D’après Goldman Sachs, la production économique de la zone euro diminuera sur les trois mois clos fin juin, tandis que l’inflation est susceptible de grimper vers la barre des 8%. Elle est pour le moment à 5,8% en février. Cela ne dispense pas les banquiers centraux, désireux de contrer l’inflation, de durcir leurs politiques. A ce propos, même si elle temporise sur la remontée des taux, Christine Lagarde a annoncé « accélérer le retrait de ses mesures de soutien face à l’envolée de l’inflation ». Ses achats d’obligations sur les marchés dans le cadre du programme d’achats d’actifs APP, seront ramenés de 40 milliards d’euros à avril à 30 milliards en mai et 20 milliards en juin, avec pour objectif d’être complètement arrêtés dans le courant du troisième trimestre. La BCE a aussi confirmé son intention d’arrêter définitivement à la fin du mois ses achats d’obligations dans le cadre du Programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP), lancé en mars 2020. Elle a indiqué par ailleurs que tous les scénarios prévoyaient un reflux progressif de l’inflation notamment pour l’énergie, même si les tensions sur les prix alimentaires devraient se poursuivre.

Aux Etats-Unis, l’inflation atteint 7,9%, au plus haut depuis janvier 1982, avant même les répercussions de la crise actuelle. La Fed qui se réunit le 16 mars devrait annoncer son premier tour de vis monétaire de 0,25%. Goldman Sachs n’a pas attendu les conclusions de cette réunion pour réduire ses prévisions de croissance du PIB américain pour 2022 à 1,75% contre 2% auparavant, bien en deçà des estimations consensuelles à 2,7%.

Du côté des valeurs la semaine a encore été agitée, rythmée par le retrait d’un grand nombre de sociétés de la Russie. Outre atlantique on retrouve par exemple Apple, Boeing, Coca-Cola, McDonald’s, Starbucks et en France tous les grands noms du luxe, LVMH, Kering, Hermès… Une équipe de l’université de Yale tient à jour un inventaire qui dénombre plus de 300 grandes entreprises ayant une exposition significative en Russie. Il n’en resterait plus qu’une vingtaine encore en activité là-bas.

Le bilan hebdomadaire est largement positif, l’EuroStoxx reprend 4,42%, 3,51% pour le CAC 40 mais les jours qui viennent promettent d’être encore volatiles.

Parmi les plus fortes hausses on retrouve Publicis +9,58%, Schneider Electric +9,10% et Saint-Gobain +8,92%. Pas d’actualités particulières sur ces titres qui profitent juste de l’embellie de ces derniers jours. Les baisses sont quant à elles relativement rares, Eurofins Scientific -5,44%, Renault -3,55% et Teleperformance -3,16%.

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