Il aura fallu attendre la dernière journée de cotation, avec une baisse de 1,46% pour voir le CAC 40 repasser sous les 6600. Et le bilan hebdomadaire aurait pu être beaucoup plus lourd si le luxe n’avait pas été aussi résistant. On doit au secteur de ne pas voir notre indice s’enfoncer dans le rouge vif. Au terme de ces 5 jours Paris ne perd que 0,48%, bien mieux que la moyenne européenne (Euro-Stoxx -1,15%).
La semaine promettait d’être animée, notamment avec la réunion de la FED. Jusqu’à ce vendredi, le marché laissait penser qu’il préférait se laisser bercer par la hausse incessante de ces derniers mois. Et il y avait pourtant matière à temporiser. Les acteurs ont pris connaissance de la hausse annuelle sans précédent de 6,6% des prix à la production aux Etats-Unis en mai, selon l’indice PPI du Département du Travail. Puis les ventes au détail qui ont reculé de 1,3% en mai, à la fois en raison de la fin des chèques de relance du gouvernement, des pénuries affectant l’automobile et du fait que les consommateurs dépensent davantage dans les services, selon les données publiées mardi par le département du Commerce et enfin les 412 000 inscriptions au chômage qui ont été enregistrées lors de la semaine du 12 juin aux Etats-Unis, à comparer avec un consensus Reuters de 359 000 et 375 000, la semaine précédente, chiffre révisé de 376 000.
La FED a également jeté de l’huile sur le feu. Cette dernière a estimé que l’inflation atteindrait 3,4% aux Etats-Unis en 2021, davantage que les 2,4% anticipés en mars.
Une majorité des membres de la Réserve fédérale a en outre estimé que les taux directeurs, actuellement compris entre 0% et 0,25%, devraient être relevés deux fois d’ici à la fin 2023, pour compenser la reprise de la croissance américaine. Il est à noter qu’il y’a quelques séances il n’était pas envisageable de relever ces taux avant 2024. Lors de sa conférence de presse, le président de l’institution, Jerome Powell, a tâché de minorer l’importance de ces opinions, rappelant qu’elles devaient être « prises avec des pincettes ». Cependant, avec le recul, il est possible que les marchés aient pris conscience qu’il pourrait y avoir d’autres anticipations du « tapering » dans les mois à venir. Les marchés décideront donc et la FED devra s’adapter. M. Powell a toutefois martelé que l’inflation était transitoire et qu’elle devrait se stabiliser à 2,1% en 2022 et à 2,2% en 2023.
Malgré tout cela il aura finalement fallu attendre le dernier jour de bourse et que les « RSI » des marchés européens soient en probant surachat, pour entrevoir une légère correction. Pour les littéraires, cela signifie que jamais la pression acheteuse n’a été aussi forte sur les marchés financiers, que ce soit à court, moyen et long terme. La plupart du temps, dans cette configuration, une correction est observée. Les séances qui viendront sauront nous dire si ce mouvement est ponctuel ou révélateur d’une tendance à venir.
Pour le reste de l’actualité, mardi, l’Union européenne et les États-Unis ont accepté de suspendre pendant cinq ans les droits de douane punitifs qu’ils s’infligent depuis des années.
Du côté du G7, le communiqué n’a pas offert de grande surprise. Les leaders en présence ont promis de maintenir le stimulus fiscal et de mettre un terme à la crise sanitaire. Des initiatives communes ont été soulignées, en particulier dans les énergies vertes et le climat. Les leaders du G7 ont aussi soutenu une initiative globale sur les infrastructures, face au plan chinois.
Nous conclurons cette lettre avec le bitcoin qui après avoir rebondi au-dessus de 40.000$ lundi a reperdu 10% à l’heure où nous écrivons ces lignes. C’est une fois encore un tweet d’Elon Musk, patron de Tesla, qui semble faire la tendance sur le marché des cryptomonnaies. Musk a indiqué que son groupe pourrait autoriser à nouveau les transactions en BTC, si les mineurs parvenaient à une meilleure gestion de leur consommation en énergie. Précédemment il les avait interdits après les avoir acceptés pour finalement probablement les réaccepter (vous me suivez ?…) avec au passage des variations de plusieurs dizaines de pourcents sur la monnaie (vous me suivez toujours ?…). Ainsi, accusé de « pump and dump » sur le Bitcoin, Musk a démenti précisant que Tesla n’avait vendu qu’environ 10% de sa détention (en BTC) et que sa position pouvait être liquidé facilement sans faire bouger le marché. Lorsqu’il y aura confirmation d’une raisonnable (environ 50%) utilisation d’énergie propre par les mineurs de cryptomonnaies avec une tendance future positive, Tesla recommencera à autoriser les transactions Bitcoin. Rappelons que Tesla avait fait sensation en début d’année en achetant pour 1,5 milliard de dollars de Bitcoin, avant d’en revendre 10% environ. Le groupe vedette de l’automobile électrique avait aussi autorisé les achats de véhicules en BTC, avant de faire machine arrière du fait de la consommation excessive en énergie du minage. Bref, cette monnaie ne nous appartient plus…
Sur le front des valeurs, ce sont donc les valeurs du luxe qui tirent la cote, LVMH +2,51%, Hermès +1,75%, L’Oréal (40% de son CA est sur le segment « Luxe ») +1,71% et Kering +1,64%. A l’opposé les bancaires chutent lourdement, Société Générale -5,19%, Crédit Agricole -5,04% et BNP Paribas -4,58%.
