L’actu des marchés du 15 mai 2020

L’actu des marchés du 15 mai 2020

L’économie chinoise redresse la tête. Les données du mois d’avril ont confirmé le rebond de l’activité. Après le coup d’arrêt lié au confinement et la chute d’activité au 1er trimestre (-9,8%), le pays repart sur une meilleure dynamique. Le secteur où l’amélioration est la plus nette est l’industrie. La production industrielle s’inscrit en hausse de +3,9% en glissement annuel sur le mois d’avril alors qu’elle baissait de -1,1% en mars. Du côté de la consommation, l’amélioration est également notable même si un retour à la normale n’est pas encore d’actualité. Les ventes au détail reculent de -7,5% sur un an contre -15% le mois précédent. Les ménages ont retrouvé le chemin des magasins mais certains secteurs souffrent toujours en particulier dans les services. Dans les mois qui viennent, la situation devrait continuer de s’améliorer même si la Chine sera entravée dans son rebond par le ralentissement du reste du monde. Les derniers indices PMI témoignaient d’une chute des commandes à l’exportation et les autorités devront soutenir la demande intérieure pour compenser la faiblesse de celle extérieure. Même si la situation chinoise n’est pas extrapolable directement pour les autres pays, elle envoie un signal rassurant. Une fois que l’épidémie est sous contrôle, la détente progressive des règles de confinement permet un rebond rapide de l’activité économique à l’exception de certains secteurs.

De l’autre côté du globe, les Etats-Unis ne voient pas le bout du tunnel. En mars, une part seulement restreinte du territoire américain avait débuté le confinement et c’est surtout durant le mois d’avril que le pays s’est figé pour tenter de ralentir la propagation de la maladie. La composante production de l’indice ISM manufacturier est tombée à un plus bas historique en avril. Confrontée à une pénurie de main d’œuvre, l’industrie a eu les plus grandes difficultés à s’organiser. Pour la consommation, le coup d’arrêt s’annonce très brutal. Selon l’indice du Johnson Redbook (indicateur hebdomadaire de la consommation), les ventes au détail étaient sur un rythme de croissance en glissement annuel de +6,3% la dernière semaine de mars et ont fini le mois d’avril à -9,3%. Le deuxième trimestre devrait donc débuter sur une chute brutale de la croissance avec toutefois un choc bien moindre que celui subit par la zone euro. Une grande partie des états fédéraux américains ont choisi de n’appliquer que partiellement les règles de confinement. Ceci a permis de limiter l’impact négatif sur l’économie. La contrepartie est un coût humain plus élevé et le risque de voir l’épidémie circuler plus longtemps sur le territoire. Dans ce cas, les Etats qui refusent de mettre à risque la santé de leur population pourraient être obligés de maintenir le confinement plus longtemps qu’espéré actuellement. A court terme, l’économie américaine pourrait donc subir un coup d’arrêt moins brutal mais l’effet pourrait être plus long dans le temps en échange.

Le président de la Fed Jerome Powell a tenu jeudi 14 mai par vidéoconférence un discours qui a participé à la baisse des marchés actions américains et à la hausse du dollar hier soir, ce dernier se montrant un cran plus négatif quant à la situation économique (notamment en déclarant que « la reprise pourrait être moins rapide que ce qu’aurait souhaité l’institution »). Compte tenu de l’incertitude élevée et de statistiques « hard data » généralement assez retardées, la perception de la banque centrale, qui bénéficie de remontées nombreuses du terrain, est finalement interprétée comme un signal avancé par certains investisseurs financiers. Nous considérons que la situation économique américaine sera durablement affectée, d’autant que les mesures de restrictions y ont été plus tardives, ce qui appellera certainement un nouveau plan de relance. Ce dernier sera facilité par l’engagement de la banque centrale à faire le nécessaire en termes d’achats d’actifs, un point encore pointé du doigt par Jerome Powell hier. Celui-ci a lancé un appel du pied à davantage de soutien budgétaire pour permettre « d’éviter des pertes économiques trop importantes à long terme ». Dans ce contexte, la banque centrale américaine continuera selon nous de favoriser les achats d’actifs massifs plutôt qu’une baisse en territoire négatif des taux directeurs, à laquelle Jerome Powell a rappelé son opposition.

En France, face à la perspective d’un déconfinement très lent avec le maintien de mesures de distanciation sociale fortes pesant très lourdement sur le tourisme français, Edouard Philippe a dévoilé un plan d’aide pour le secteur (le tourisme représente plus de 7% du PIB et 2 millions d’emplois). Les vacances d’été auront bien lieu selon les mots employés par le Premier ministre, poussant les Français à finaliser les réservations, mais le secteur va surtout bénéficier d’un plan de relance massif avec un engagement de 18 MM€ pour les finances publiques. Plusieurs mesures ont été évoquées : la prolongation du recours au chômage partiel jusqu’à fin 2020 dans le tourisme et l’événementiel (la France envisagerait de demander un prêt à la Commission européenne dans le cadre du mécanisme européen pour l’emploi), l’accès au fonds de solidarité jusqu’à fin septembre pour ces secteurs (ainsi que pour ceux des cafés, hôtels, restaurants, sport et culture), et le doublement du plafond journalier des tickets-restaurant avec des autorisations plus larges (week-end et jours fériés) afin de soutenir la restauration lorsqu’elle aura rouvert (probablement le 2 juin dans les zones vertes). Au-delà des mesures de soutien à court terme, plus de 3 MM€ seront portés par la Banque Publique d’Investissement et la banque des territoires afin de financer des projets d’investissements jusqu’en 2023. C’est un premier pas vers une relance budgétaire d’ampleur qui est au cœur de notre scénario de croissance tablant sur une reprise progressive de l’activité au second semestre qui se poursuit en 2021. D’autres mesures seront d’ailleurs présentées prochainement pour les autres secteurs durement touchés selon Bruno Le Maire (automobile et aéronautique d’ici fin juin). L’enjeu est de taille alors que le cap des 100 MM€ de demandes de prêts garantis par l’Etat a été atteint selon la Fédération bancaire (par plus de 500 k entreprises).

Du coté des valeurs, Pierre et Vacances a progressé cette semaine avec des espoirs de faire carton plein pour la saison estivale, les frontières étant fermées, les français partiront probablement en France cet été.

L’or a rebondi cette semaine et les prix se sont stabilisés aux alentours des $31.5 suite à une augmentation de la demande.

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