L’actu des marchés du 24 avril 2020

L’actu des marchés du 24 avril 2020

Malgré la violence de la crise sanitaire et son impact sur l’économie, les dirigeants européens retombent dans leurs travers et trainent à prendre des décisions et donner une feuille de route claire (ce qui se traduit à l’ouverture par une nouvelle hausse des aux italiens qui repassent au-dessus de 2% sur l’échéance à 10 ans). Le constat de la situation semble ne pas avoir fait débat hier. La réponse à apporter parait aussi consensuelle avec un montant de 1000 MM€ évoqué pour relancer l’économie. Mais ce sont les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir qui bloquent. D’un côté, les pays comme la France, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal demande des transferts de fonds pour financer cette relance. De l’autre, les pays du nord de l’Europe menés par les Pays-Bas refusent ces transferts et ne veulent que des prêts. Mais Emmanuel Macron a repoussé cette idée indiquant qu’accumuler des dettes auprès des marchés financiers ou de l’Europe ne changeait pas le fond du problème. Face à ce blocage, la solution évoquée est celle du budget européen qui pourrait être renforcé avec en parallèle de nouvelles capacités d’endettement pour la Commission européenne. Les discussions doivent donc se poursuivre avec la confirmation que l’Europe prépare un plan de relance massif, ce qui aidera la croissance, mais sans certitude sur la manière de le financer. Ce constat risque de créer des turbulences sur les marchés obligataires en particulier pour les taux des pays les plus fragiles. Mentionnons que pour l’Italie, la révision de la notation souveraine par Standard & Poor’s, après clôture, pourrait constituer un autre facteur de risque dans le cas où l’agence dégraderait la note à BBB- accompagnée d’une perspective négatives (soit un cran seulement au-dessus de la bascule en territoire « non investissement » qui réduirait la capacité de certains investisseurs à acheter cette dette).

L’indice industrie retombe sur ses niveaux de 2008, mais pas moins. Les prévisions tablaient sur une baisse relativement contenue des indices industriels, de l’ordre de 5 à 6 points, après déjà des ajustements marqués en mars. Ce sont finalement partout des chutes de plus de 10 points qu’ont signé les PMI manufacturiers, qui retombent à respectivement 31,5 en France, 34,4 en Allemagne et 32,9 points au Royaume-Uni, soit dans chacun des cas des indices comparables à ceux de la fin de l’année 2008 et du début 2009.

Le rallye du S&P 500 a marqué une pause la semaine dernière, après avoir récupéré environ la moitié de son plongeon de -34% du 19 février au 23 mars. Nous ne serions pas surpris de voir les actions se replier à court terme. Nous pensons également que les creux du marché sont un processus, car il serait très inhabituel pour le S&P 500 de simplement effectuer un V-bottom et revenir aux sommets précédents. Il est plus normal dans les marchés baissiers en récession d’avoir une phase de « grind it out » où le marché peut se reconstruire pour ensuite avoir un mouvement durable à la hausse.

La saison des bénéfices du T1 se poursuit, 23% des entreprises du S&P 500 ayant déjà publié leurs résultats. La réaction du marché aux résultats a été généralement positive, hors secteur financier. Les banques ont dû prendre d’importantes provisions, ce qui a aggravé l’impact sur leurs bénéfices dans le contexte actuel. Certaines des meilleures réactions aux bénéfices sont venues des actions axées sur la technologie, car des résultats favorables étaient nécessaires suite à des révisions d’estimations très stables (ainsi qu’une forte performance relative cette année). Dans l’ensemble, le S&P 500 devrait maintenant connaître une contraction des bénéfices de -14,4% au T1, la majorité de la faiblesse provenant des secteurs de l’Energy, des Consumer Discretionary, des Financials, des Industrials et des Materials. En revanche, les secteurs pour lesquels les révisions d’estimations sont les plus stables, à savoir le Health Care, la Tech et les Consumer Staples, ont enregistré certaines des meilleures performances.

Pour l’année 2020, les estimations de bénéfices du S&P 500 continuent de baisser en cascade. Nous continuons à croire que la trajectoire de la reprise sera plus importante pour le marché des actions, où nous prévoyons une amélioration directionnelle au cours du S2 et jusqu’en 2021. Toutefois, la détérioration des bénéfices, accompagnée d’une forte reprise du marché, a porté le ratio P/E du S&P 500 sur les 12 prochains mois à 19,1x. Ce chiffre est supérieur au P/E au plus haut du marché le 19 février. S’il est normal de voir des multiples plus élevés pour des bénéfices plus faibles, la haute valorisation, associée à toutes les incertitudes et les défis qui subsistent (en matière de tests, de thérapies, de propagation de virus, de relance de l’économie, etc) contribuent à notre recommandation d’être patient.

Sur le front des valeurs « luxe » HERMES publie des résultats trimestriels qui a de quoi faire des envieux : un chiffre d’affaires en recul de seulement 6,5% alors que KERING par exemple publie son chiffre d’affaires en baisse de 16.4%.

AMAZON de son côté est en hausse de 30% depuis le début de l’année suite au changement de mode de consommation de beaucoup de particuliers qui ont tendance à s’être mis à la commande en ligne pour faire face aux boutiques fermées et au risque Covid-19.

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