L’actu des marchés du 11 février 2022

L’actu des marchés du 11 février 2022

La publication de l’inflation américaine pour le mois de janvier, ce jeudi, a été le point d’orgue de la semaine. Les marchés étaient suspendus au caractère durable de cette dernière.

La hausse des prix américains s’est accélérée en janvier, à 7,5% sur un an après 7% en décembre et une attente voisine de 7,2%. Sur le mois, celle-ci progresse de 0.6%, comme au mois de décembre, vs. 0.4% attendu. Dans le détail, l’inflation de janvier confirme que la hausse des prix se généralise et touche les produits alimentaires et surtout, les services. Les prix de ces derniers progressent en raison  d’une demande plus soutenue compte tenu de la réallocation des dépenses des ménages. De plus, on observe une spirale inflation-salaires qui se renforce et alimente l’augmentation des prix.

Cette statistique a entraîné un bond des probabilités de hausse des taux de 50pbs lors de la décision de la banque centrale américaine du 16 mars. Cette probabilité est passée de 24%, avant la statistique, à 95,6% par les intervenants de marchés. Aujourd’hui, les analystes prévoient une hausse de 100 points au mois de juillet et 5 hausses des taux en 2022.

En outre, certains membres votant de la FED insistent pour une hausse des taux importante le plus rapidement possible. James Bullard, membre votant de la Fed, et connu pour afficher l’une des positions les plus hawkish de la banque centrale, est de ceux-là. Ses déclarations post-publication ont pesé sur les marchés. Le consensus du FOMC, toutefois, ne semble pas partager la même stratégie pour le moment…

Les taux souverains ont, également, fortement réagit à la nouvelle. Le rendement des T-Bonds US à 10 ans (+7Pts) vient de faire une incursion et se stabilise au-dessus des 2,000%, du jamais-vu depuis août 2019. Mais l’écart le plus spectaculaire revient au taux 2 ans qui se tend de +15Pts à 1,498%. En Europe, les taux 10 ans ont suivi : +7 pb à 0,28% en Allemagne et +8 pb à 0,74% en France. L’écartement des spreads s’est accéléré avec un taux italien 10 ans passant de 1.789% à 1.931%.

Cette dynamique ne semble toutefois pas être au goût de la BCE dont plusieurs membres ont pris la parole jeudi afin de tenter de réduire les attentes des marchés financiers. Christine Lagarde a de nouveau insisté sur le fait qu’une hausse trop rapide des taux directeurs n’aurait pas d’impact sur l’inflation, qui est aujourd’hui alimentée par des facteurs extérieurs comme la hausse des prix de l’énergie et les problèmes d’approvisionnement. Au contraire, cette hausse des taux pourrait casser la reprise de la croissance européenne et détruire des emplois, ce qui serait contre-productif et mettrait à risque l’objectif d’un retour durable de l’inflation vers la cible de 2%. Le maître-mot de l’institution restera donc la progressivité, comme l’a rappelé le gouverneur finlandais, Olli Rehn.

Et portant le début de semaine était plus clément avec les publications de résultats de bonnes factures. Le numéro un mondial des cosmétiques, L’Oréal, a tiré un trait sur la crise sanitaire grâce à l’accélération de la demande en produits de beauté tant aux Etats-Unis qu’en Chine. La multinationale française a également pu compter sur sa forte exposition au digital qui représente désormais près d’un tiers des ventes totales. Le groupe a publié un résultat net (part du groupe) de 4,6 milliards d’euros, en croissance de 29 %. De son côté, le résultat d’exploitation augmente de 18,3 % à 6,16 milliards, et ressort à 19,1 % du chiffre d’affaires, en progression de 50 points de base. Quant au chiffre d’affaires, il a atteint 32,29 milliards d’euros l’an dernier, soit une hausse de 15,3 % à données publiées et de 16,1 % en comparable.

Fort de ses meilleurs résultats depuis 2007, TotalEnergies a annoncé une nette augmentation de ses dividendes et rachats d’actions. Le groupe continue de profiter de l’envolée des cours du pétrole et du gaz et de la hausse conséquente de ses flux de trésorerie pour renforcer ses investissements dans les énergies renouvelables et la production électrique. La dynamique favorable sur les cours du brut devrait d’ailleurs se poursuivre alors que le sous-investissement au niveau mondial contraint toujours la production de pétrole. La crise du gaz pourrait également être bien plus grave l’hiver prochain si la Russie freine le remplissage des stocks européens.

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